L’année dernière, j’avais beaucoup aimé ce que nous avions fait autour des « Dis-moi dix mots sous toutes ses formes », dans l’atelier d’écriture animé chaque quinzaine par Christophe Forgeot.
Aussi ai-je décidé de renouveler l’expérience cette année, en écrivant autour des « Dis-moi dix mots au fil de l’eau ». Le thème et les mots de l’année sont à découvrir sur le site du Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse.
Bien entendu, le challenge annuel est déjà terminé, mais s’amuser autour des mots, sans limites, est toujours permis, bien sûr !
Les textes suivants n’ont pas d’autre prétention que d’avoir été écrits pour le plaisir, en quelques minutes, et suivant l’inspiration de l’instant.
OASIS.
L’oasis, c’est de l’eau au milieu de la sécheresse. L’inspiration au milieu du vide. L’humidité qui défie la chaleur du soleil. Le vert qui ponctue le jaune du désert. La nature qui se bat pour éclore, n’importe où.
L’oasis, c’est celui de L’Ombre du cavalier.[1] Ce havre de paix, ce lieu de repos et de quiétude après l’errance et la souffrance. Un lieu de rencontres, aussi. Un lieu de bonheur, forcément.
L’oasis, c’est un lieu fantasmé que j’aimerais visiter, afin de nourrir mes idées d’images réelles, d’odeurs, de bruits, de saveurs. J’ignore tout de la vie là-bas. J’imagine qu’il y fait chaud, mais est-ce une chaleur humide ou sèche ? Les nuits y sont-elles étouffantes comme les nôtres en plein été ? Les palmiers sont-ils parfois bercés par le vent ? A quel moment de la journée la vie y est-elle la plus active ? Et l’heure de la sieste y est-elle aussi sacrée que dans nos contrées ensoleillées ? Tout est mystérieux. De la façon dont sont construites les habitations à la façon de vivre des gens. Je serais curieuse de savoir s’ils sont autant branchés au numérique que la plupart d’entre nous, où s’ils sont encore épargnés par cette frénésie de l’instantanéité.
L’oasis… j’espère qu’un jour, j’aurai l’opportunité d’y séjourner.
AQUARELLE
L’aquarelle prenait forme sous mes doigts. Des arcs-en-ciel de couleurs l’habitaient. J’adorais créer, m’exprimer ainsi au plus près de la toile, sans pinceaux pour intermédiaires. Ceux-ci gisaient dans l’herbe, attendant piteusement d’être saisis, animés, utilisés. Ils mendiaient mon intérêt. Ils souffraient de mon inattention, à en pleurer. De vieux restes de peinture séchée commençaient à fondre entre leurs poils. La chaleur de ce début d’été était si prononcée que mon paysage ne séchait pas. Les coloris bavaient, se mélangeaient dans un joyeux désordre. Mes beaux arcs-en-ciel se muèrent en barbouilles rouges, violacées et verdâtres. Les couleurs se révoltaient ! Dépitée, je baissais les bras. Un coup d’œil sur mes pinceaux et je les vis tressauter dans l’herbe. Ils riaient, ces gouailleurs !
MANGROVE
Moustique, cher ennemi tapi à l’affût de nos nuits,
As-tu seulement songé à aller titiller d’autres peaux veloutées ?
N‘as-tu point à ta disposition tous les êtres de la création ?
Grands et petits sont à ta merci au milieu de cette lagune,
Regarde autour de toi, ils sont nombreux sous la lune !
Oublie les humains, leur sang ne vaut rien.
Vif, tu l’es assez pour aller t’abreuver à des victimes ailées,
Ecoutes-tu ce que je dis ? Non, bien sûr ! Tu préfères attaquer nos peaux dévoilées…
– Hélène Destrem –
[1] L’Ombre du cavalier est une nouvelle fantastique qui se déroule au Maroc. Je l’ai écrite en 2009, à l’occasion d’un concours de nouvelles. Elle a fait partie des cinq lauréates. Elle est aujourd’hui disponibles dans le recueil de nouvelles La Flamme.
Votre commentaire