« Main mise sur Jakobar », d’Olivier Deparis

J’ai rencontré Olivier Deparis lors de la Convention nationale de la science-fiction, à L’Isle-sur-la-Sorgue, cet été, souvenez-vous (<<< cliquez). Je suis repartie avec ses deux romans : Main mise sur Jakobar et Diomède Alpha. J’ai logiquement commencé la lecture dans l’ordre de parution.

Quatrième de couverture :

« Le sergent Tom Fullman rencontre la Main, une équipe d’experts qu’il doit escorter sur les lieux d’un crash à l’autre bout du cosmos. Mais un piège leur est tendu. Inculpés de crime à tort, ils se réfugient ensemble sur Jakobar, une planète indépendante. Pour survivre, ils devront apprendre à se connaître, surmonter leurs différences… et vite ! La flotte aérospatiale approche. Le Ministère fédéral, accusant les autorités locales de protéger les terroristes, a voté en représailles un blocus planétaire. Aurait-il tout manigancé depuis le départ dans le seul  but d’étendre sa mainmise sur Jakobar ? »

Cette présentation m’a fait penser à l’épisode I de Star Wars et au blocus dont était victime la planète Naboo. C’était assez alléchant. J’étais curieuse de découvrir comment les personnages allaient se tirer de ce guêpier. J’ai ouvert ce livre tjuste après m’être glissée sous mes draps, avec ma petite lumière tamisée, j’étais détendue… Je ne m’attendais pas du tout à me faire happer dans une course-poursuite effrénée ! Le premier chapitre m’a mise KO direct. Décoiffée, la lectrice qui pensait se plonger dans une histoire qui semblait avoir un air de « déjà-vu » ! Main mise sur Jakobar est un vrai tourbillon, mais j’y reviendrai.

La quatrième de couverture est très soft par rapport à l’histoire que l’on trouve dans le roman. Ce n’est pas une fois sur Jakobar que les héros vont devoir apprendre à se connaître, mais bien avant, dès que les ennuis commencent, dès le début du roman en somme : dans un premier chapitre de cinquante pages qui entraîne le lecteur directement dans une action débridée et ne lui laisse pas cinq minutes pour souffler. De plus, ce n’est pas un blocus qu’impose le Ministère à la planète Jakobar. La planète se prend carrément des missiles nucléaires. On est loin de la simple pression diplomatique ! Moi qui pensais me plonger dans un livre de SF plutôt tranquille, je me suis pris une sacrée claque ! On est bien loin de Naboo et de sa petite attaque de droïdes au milieu de prés verdoyants…

Passons au roman lui-même. Je vais commencer par évoquer les points négatifs avant de m’intéresser aux points positifs.

Premièrement, les personnages, surtout Laureen, sont décrits par petites touches disséminées tout au long du roman. Au début, j’ai ainsi eu quelques difficultés à me représenter ces personnages et à me sentir proche d’eux. Leurs descriptions succinctes me les rendaient insaisissables. Deuxièmement, j’ai été embarquée dans une course-poursuite aux côtés des héros de manière un peu abrupte. J’entends par là que l’histoire démarre sur des chapeaux de roue. Le rythme ralentit rarement tout au long des 231 pages, et il est à fond sur les 50 premières pages que compte, à lui seul, un premier chapitre échevelé. Ainsi, les héros passent leur temps à fuir les dangers, sans connaître le moindre répit et donc sans permettre au lecteur de se poser et de réfléchir calmement avec eux. Les dialogues sont vifs, fusent dans tous les sens, et il est difficile de bien comprendre leurs réactions et leurs réparties parce qu’on ne connaît pas très bien leurs caractères. Ceci dit, ces points, une fois qu’on s’y habitue, deviennent de sacrés atouts ! Troisièmement, pendant quelques scènes, j’ai eu des difficultés à me représenter les combats spatiaux, notamment les mouvements et évitements effectués par le F4 (la navette spatiale hyper maniable de la Main), mais c’était dû au fait que je ne m’attendais pas à ce type de scènes d’action. Quatrièmement, et pour finir, j’évoquerai la brutale coupure qui existe entre les chapitres 7 et 8. Le chapitre 7 est aussi endiablé que ceux qui le précèdent : tout va à cent à l’heure. les émotions sont à leur comble, on vibre pour les héros, on est secoué dans tous les sens.  [Attention, spoiler : dans ce chapitre, le F4 vient de se faire transpercer par un débris, les personnages sont au bout du rouleau – tout comme moi ^^ -, et l’un d’eux est dans un sale état…] Pour le dernier chapitre, le huitième, je m’attendais à une apothéose… à tel point que j’ai gardé la fin pour le lendemain soir. C’est fébrile que j’ai saisi le roman et m’apprêtai à vivre l’issue de l’aventure. J’ai tourné la page et là j’ai lu : « Trois mois s’étaient écoulés depuis le terrible accident […] ». Le choc. J’ai pensé : « NOOOON ! Mais non ! Mais pourquoi ? Pourquoi ? » Oui, Olivier, pourquoi nous avoir privés de ces fameux trois mois ? Il aurait même suffit de nous donner l’issue de leur fuite, dans la chronologie des événements, pour qu’on puisse redescendre en douceur. Ce chapitre, alors que j’étais embarquée à pleine vitesse dans une lecture époustouflante, m’a donné la sensation d’être éjectée hors du F4 sans plus de cérémonie. Ouch ! Plus rien à voir, tout le monde descend ! C’était un peu rude… De fait, ce huitième chapitre s’apparente d’avantage, pour moi, à un Épilogue.

À côté de cela, Main mise sur Jakobar est une petite merveille d’aventure. Premièrement l’action. Une fois qu’on a pris le train en marche, on est comme submergé par l’adrénaline. Chaque soir, j’avais hâte de me replonger dans le livre. Je n’avais qu’une envie, reprendre ma place aux côtés de la Main, dans ce fabuleux vaisseau spatial aux réflexes surréalistes. Pas une minute je ne me suis ennuyée dans ce livre. Pas un instant je n’ai eu le sentiment que c’était trop long, que le roman souffrait de digressions déplacées, qu’il s’enlisait d’une façon ou d’une autre. J’ai juste eu le temps de m’harnacher aux côtés de Tom et de m’agripper à mon siège ! Deuxièmement, le réalisme des scènes d’action est tout simplement bluffant. Après la surprise du début (cf paragraphe précédent), j’ai réussi à voir à travers les yeux du pilote – Tom – comme si j’étais aux commandes de l’engin, comme si j’endurais les G avec l’équipage, les virages, les coups de frein. La transition a eu lieu au moment de la scène si particulière où Tom et Rip s’unissent… mais je n’en dirai pas plus pour ne pas gâcher le plaisir extra de ce passage à ceux qui n’auraient pas encore lu le livre. À un moment, plus loin dans l’histoire, j’ai même eu un haut-le-cœur lors d’une manœuvre du F4 tant j’étais « dedans » : c’était lors de l’arrivée en fanfare sur Jakobar.  Je me suis dit que ce roman méritait une adaptation au cinéma et que la technologie de la 4DX (<<< cliquez pour en savoir plus) était faite pour lui ! Troisièmement, l’arrivée sur la planète Jakobar marque une légère pause dans le rythme. Elle permet aussi de se rapprocher des personnages. Certains se révèlent davantage et ça fait du bien ! L’image de Laureen, en particulier, devient moins diffuse, sa personnalité moins distante. Le roman prend alors une nouvelle épaisseur, au point d’entraîner la lectrice que je suis dans une intensité émotionnelle imprévue. Et me voilà en train de pleurer ! Les personnages s’avouent – à eux-mêmes, c’est déjà un début – leurs émotions. On peut enfin les partager avec eux, vibrer avec eux, anticiper même leurs réactions. Je n’avais plus envie que l’histoire s’arrête. Je voulais aller le plus loin possible avec eux, ne pas lâcher les commandes du vaisseau… tout était tellement fort ! Quatrièmement, malgré quelques maladresses et coquilles, ce roman est très bien écrit. Un vrai plaisir à lire que rien n’est venu perturber, sauf le mot « FIN ». Ça, pour moi, ça compte.

En conclusion, Main mise sur Jakobar est une palpitante aventure spatiale que tout fan de SF se doit de lire. Ce livre extra mériterait une petite réécriture afin de gommer certains de ses défauts. En tout cas, il mériterait une suite car je brûle d’en connaître davantage sur les personnages : leur passé, leur avenir, mais aussi la façon dont s’est constituée la Main : comment ont été recrutés chacun de ses « doigts » ? d’où viennent-ils ? pour quelles raisons se sont-ils retrouvés là ? Il y aurait énormément à dire ! Main mise sur Jakobar est le premier livre de science-fiction qui me fait ressentir les effets du vol (spatial ou non), les effets de la vitesse, et à quel point ce peut être à la fois grisant et dangereux. J’en ai encore des frissons et les larmes aux yeux rien qu’en y repensant. C’était juste grandiose. Merci, Olivier, pour cette époustouflante expérience de lecture.

Alors, qu’attendez-vous pour le lire ?

Main mise sur Jakobar, d’Olivier Deparis (<<< lien vers le site de l’auteur), aux éditions Rivière Blanche. (<<< lien vers le site de la maison d’édition).

231 pages – 17 €.

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