« Éternelle odyssée », d’A.F. Lune

Dès l’annonce de sa parution, j’ai été séduite par son illustration de couverture. Un soldat au regard profond portant dans ses bras une petite fille en détresse… j’ai tout de suite eu envie de savoir quelles aventures ou mésaventures les avaient réunis sur cette image. J’ai ensuite été saisie par la quatrième de couverture :

« Harms Moyser est un soldat Lycaon engagé sur le Prétorien, vaisseau spatial amiral de la flotte humaine. Au cours d’une bataille contre les Enkidous, l’ennemi héréditaire de l’humanité, le vaisseau est happé par une tempête stellaire et doit se poser en catastrophe sur une planète inconnue. L’équipage y découvre des hommes au stade de civilisation antique, qui les prennent pour des dieux. Et si ces derniers n’avaient pas tort ?

Un texte unique, au carrefour entre planet opera et tragédie grecque, véritable relecture des mythes antiques où dieux et hommes sont les jouets d’un Destin implacable. »

Comprenez-vous pourquoi ce livre ne pouvait me laisser indifférente ? J’y ai retrouvé la même approche que celle que j’ai utilisée dans La Légende du futur. Ce roman interprète avec un regard neuf des mythes et légendes fascinants, donne une nouvelle vision des mythologies grecques et nordiques, nous projette dans un lointain futur puis dans un lointain passé. Dans La Légende du futur j’abordais le récit sous un angle scientifique, dans Éternelle odyssée, A.F. Lune l’aborde sous l’angle militaire, fascinant. Les scènes sont d’un réalisme époustouflant et on vibre autant que le personnage principal et ses coéquipiers.

Les studios de cinéma français devraient s’intéresser à la production littéraire française de science-fiction. Quelques moyens à engager et nos films raviraient les premières places des podiums aux productions américaines à grand spectacle qui, il faut bien le dire, ne se renouvellent plus et ne nous proposent depuis quelque temps que des films de super-héros et des réadaptations de succès cinématographiques du siècle dernier. Pourquoi le cinéma français se cantonne-t-il à la comédie ou au drame et n’ose pas investir le champ de la science-fiction ? C’est d’ailleurs le problème auquel s’est heurté le réalisateur Guy-Roger Duvert avec le très bon Virtual revolution que j’avais pu voir au cinéma en V.O. en 2016 et que je vous conseille. Film en DVD et VO sous-titrée à voir sur La Fnac, ICI. Notre cinéma gagnerait à se tourner vers les auteurs français de science-fiction : ils ne manquent pas de talent !

Mais revenons-en à Éternelle odyssée. Dans ce récit, la première personne du singulier et l’emploi du présent dans la narration nous plongent dans l’esprit de Harms avec un réalisme prenant. Les phrases plutôt courtes impriment un rythme enlevé à l’histoire et renforcent le suspense, la tension, les émotions qui palpitent à chaque page. Tous ces effets placent le lecteur dans une dépendance telle que l’on ne peut s’arrêter de lire qu’au prix d’une volonté immense. On ressent l’angoisse, l’incrédulité, la colère, la fureur, l’amour, la tristesse, les doutes, la douleur, le courage et la détermination du héros aussi fortement que le narrateur aux valeurs puissantes. Et lorsqu’il se perd dans ses délires, on est aussi désemparés que lui…

J’ai relevé quelques passages qui m’ont beaucoup touchée (à ne pas lire si vous ne voulez pas avoir quelques informations sur l’histoire) :

« Le viol désigne le crime infâme par excellence. Aucun Lycaon n’irait forcer une femme. Forcer une gamine représente le comble de l’horreur. Pour nous, la femme symbolise l’espoir du futur. L’enfant porte l’avenir. Briser les deux dans l’assouvissement d’un plaisir représente la plus atroce des abominations. Ce que je ressens alors n’est pas descriptible et dépasse la fièvre du combat. La fureur m’imprègne et mon cœur bat comme une forge. Mes temps palpitent à ce rythme d’un chant rapide et funèbre. Les antiques trompes de combat de ma tribu résonnent dans mes veines. »

« L’insouciance est un droit absolu des enfants. »

« Le cortège se met en marche et nous suivons. Je suis profondément choqué. Aucun n’est venu voir ma gamine. Je me serais au moins attendu à ce que, lors de l’oraison funèbre, ils la citent au rang des victimes. »

« Tu dois devenir l’homme que tu es. Fais ce que toi seul peux faire. Deviens sans cesse qui tu es, sois le sculpteur de toi-même. »

dieux grecs

A côté de cela, j’aurais aimé en savoir plus sur les Enkidous. Je regrette que le roman ne livre pas un autre point de vue que celui de Harms, aussi valeureux et admirable soit-il. Nous ignorons tout de ces êtres, finalement, hormis que leur passé est lié au nôtre. J’aurais aimé connaître les états d’âmes de certains de leurs membres, notamment ceux d’Élias… Quelques questions posées à l’auteur m’ont appris que son prochain roman apporterait quelques réponses. Affaire à suivre, donc !

En ce qui concerne les coquilles, le roman en contient quelques-unes. Pas de quoi fouetter un chat : moins d’une dizaine. Ce sont typiquement des coquilles que l’on ne voit qu’une fois le roman publié et qui font rager. Je pense par exemple au prénom de l’une des coéquipières de Harms, dont les lettres s’embrouillent à deux ou trois reprises ; ou encore à des mots manquants par-ci par-là… rien de bien méchant.

En bref, ce livre est une aventure de science-fiction épique et époustouflante, qui propulse le lecteur dans un univers combatif de haut vol, entre un avenir passionnant, haut en couleurs et dangereux, et un passé fabuleux, baigné de technologie mystique et de dangers encore plus terribles. Un récit qui nous porte du futur au passé et du passé au futur, entre Terre, espace et mondes terraformés, avec un talent indéniable. Je me suis plongée dans ce livre avec un plaisir immense et l’ai terminé avec le sentiment d’avoir vécu une formidable aventure.

439 pages de pur bonheur, quatre soirées à vivre un passionnant voyage spatio-temporel. Fans de SF et mythologie, ne passez pas à côté de ce livre !

Éternelle odyssée, d’A.F. Lune, éditions Noir d’Absinthe, 2019.

439 pages, 23 euros.

Disponible sur Amazon, La Fnac, et chez vos libraires, sur commande.

éternelle odyssée 2

 

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