Je suis tombée sur ce livre tout à fait par hasard. Ou plutôt ce livre est venu à moi de façon imprévue. Je me trouvais assise sur une petite chaise, contre l’une des rangées de livres, dans la librairie L’Atoll Imaginaire de La Garde (département du Var). J’attendais tranquillement que la conférence, que Marilyse Trécourt devait donner ce jour-là à propos de la « réalisation de nos rêves », débute. Mes yeux distraits glissaient sur les couvertures des livres alignés à ma droite. Mon regard est soudain resté accroché à une illustration. Des jambes, délicates, en mouvement vers je-ne-savais-quoi. Mon regard a suivi leurs courbes et s’est ensuite fixé sur les chaussures à talons, synonymes de vie à haut risque pour moi qui suis sujette aux entorse et fracture – une de chaque pour l’instant et ça me suffit.
Vous aimer. Un livre d’amour. Une romance ? Avais-je envie de ce genre de lectures souvent un peu trop mièvres ? L’illustration de couverture m’avait décidément hypnotisée, appelée, et je n’ai pas pu m’empêcher de retourner le livre. La quatrième de couverture m’a conquise. Car non, « rien n’est aussi simple, jamais », et les « âmes romantiques » rêveront toujours d’un amour pur, parfait, grandiose, qui enflamme le corps et l’âme.
Quatrième de couverture :
« Entre les obligations quotidiennes et les incessantes critiques de son mari, elle a, à 45 ans, et malgré sa joie d’être mère, ce sentiment intime que sa vie s’est égarée. Dans cette existence sans amour, elle avance malgré tout, parfois le cœur gros. C’est mieux ainsi, se répète-t-elle, qui sait où l’amour, le grand, le beau, la mènerait ? Jusqu’à ce rendez-vous professionnel. Lui, souriant, plein d’esprit, qui la trouve belle, si belle, et le lui dit. Depuis quand n’a-t-elle pas entendu ces mots-là ? Il se revoient mais décident d’un pacte : ils ne feront jamais l’amour, espérant pouvoir ainsi contenir leurs sentiments, et préserver leurs familles respectives. Mais rien n’est aussi simple, jamais. »
« Une exquise partition sentimentale, qui réjouira les âmes romantiques », Delphine Peras – L’Express.
J’ai acheté le livre. Commencé voilà deux semaines, je l’ai lu en quelques soirées. Composé de courts chapitres qui rythment merveilleusement la lecture, ce roman se lit de façon agréable.
J’ai été surprise au début par l’emploi du plus-que-parfait. J’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. La narration, avec ce temps-là, semblait me maintenir à l’écart de ses personnages, de leur intimité. C’était étrange. Tout comme les dialogues, rapportés dans les paragraphes sans l’usage classique du tiret cadratin. Cela faisait écho à la conversation que nous avions eu la veille, au cours de l’un des ateliers d’écriture auxquels je participe depuis plusieurs mois. Aujourd’hui, les auteurs ne retranscrivent plus forcément les dialogues en respectant l’usage courant. Tout le talent réside alors dans la capacité à permettre au lecteur de reconnaître malgré tout les différents protagonistes, savoir qui dit quoi et à quel moment. Il n’y a eu qu’un seul passage dans Vous aimer où j’ai eu du mal à la distinguer elle de lui au cours d’un échange de SMS.
Au cours de ma lecture, effectuée en tant que lectrice et non correctrice, je n’ai relevé qu’une seule erreur, un mot manquant page 138 de ma version Pocket : « Il observait cet homme, cet étranger, soudain entré [dans] sa vie, contre son gré. » Le « dans » est absent. Une broutille.
L’auteure livre dans ce roman un travail d’écriture admirable. Une partition de mots, en effet, une romance poétique, un amour platonique si fort qu’il a emporté la lectrice que je suis avec lui, dans une accélération du rythme qui a mené jusqu’à l’apothéose… une apothéose bienvenue.
Ce livre a fait écho en moi, profondément, aux larmes. Que j’aime qu’un livre me submerge d’émotions à ce point ! Qu’ils sont rares, ces livres-là !
Mon passage préféré est celui du baiser. Merveilleuse envolée lyrique.
« Ils s’embrassèrent, beaucoup, longuement, lentement. On sous-estime le baiser. Lorsqu’il se donne pleinement, entièrement, c’est une étreinte des âmes. C’est un corps qui entre dans un autre, lui donne tout, lui prend tout, se laisse donner et se laisse prendre. C’est faire l’amour, de manière totale, comme en modèle réduit. Le baiser est un conquérant et un seigneur, un chevalier, un mousquetaire, c’est un océan, un monde sauvage, un horizon sans fin, une éternité, un paradis. Il se suffit à lui-même. Réveillant tout en soi, entraînant le plus intime que chacun porte dans un vertige profond et magnifique, fait de désir et de plaisir. »
En quelques mots : je vous le conseille chaudement.
Roman Vous aimer de Caroline BONGRAND, éditions Robert Laffont. En version Pocket : 172 pages, 6,40 €.
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